Lorsque l'avertissement d'une hausse hebdomadaire de 93 000 tonnes des certificats d'inventaire d'aluminium du LME (London Metal Exchange) a été suivi par la dégradation de la note souveraine américaine par Moody's, le marché mondial de l'aluminium a subi un double étranglement, celui de l'offre et de la demande, et celui de la « tempête financière ». Le 20 mai, les prix de l'aluminium ont approché le support clé de 2 450 $ sous la double pression de facteurs techniques et fondamentaux, et le marché était sur les nerfs. Une fois ce niveau franchi, le flot de ventes programmées pourrait complètement bouleverser la tendance à court terme.
Mouvement des stocks : un entrepôt malaisien devient un « dépôt de munitions » vide
Les données sur les stocks d'aluminium du LME de cette semaine ont provoqué un tollé sur le marché : les stocks hebdomadaires des entrepôts enregistrés en Malaisie ont bondi de 92 950 tonnes, soit une augmentation mensuelle de 127 %, marquant la plus forte augmentation hebdomadaire depuis 2023. Cette anomalie a directement faussé la structure des primes au comptant dumarché de l'aluminium– l’écart de prix inverse du contrat mai/juin (qui est actuellement plus élevé que le prix à terme) s’est élargi à 45 $/tonne, et le coût de la prolongation à court terme a atteint son plus haut niveau de l’année.
Interprétation des traders : « Les mouvements anormaux dans les entrepôts malaisiens peuvent impliquer la manifestation d'un stock caché, combiné à l'afflux de lingots d'aluminium chinois dans le système LME, les positions courtes utilisent la pression des coûts d'extension pour forcer les positions longues à réduire les pertes. »
Tempête de notation : les « correctifs » de Moody's exacerbent la panique des liquidités
Moody's a abaissé la perspective de la note souveraine américaine de « stable » à « négative », ce qui n'a pas eu d'impact direct sur les fondamentaux du marché de l'aluminium, mais a provoqué une hausse à court terme de l'indice du dollar américain, exerçant une pression collective sur les matières premières libellées en dollars américains. Plus important encore, cette dégradation pourrait entraîner une hausse du rendement des obligations du Trésor américain, augmentant ainsi indirectement les coûts de financement mondiaux, ce qui est particulièrement néfaste pour les industries à forte intensité de capital comme l'aluminium.
Les analystes avertissent que, dans l’attente d’un resserrement de la liquidité, la position de levier des fonds CTA (commodity trading advisors) pourrait devenir le point de risque le plus important.
Variables chinoises : nouvelle production élevée contre hiver immobilier
La production primaire d'aluminium de la Chine a atteint 3,65 millions de tonnes en avril, soit une hausse de 6,7 % en glissement annuel, établissant un nouveau record historique. Cependant, les données immobilières en aval révèlent une situation de « double glacial » : de janvier à avril, la superficie des logements nouvellement construits a diminué de 26,3 % en glissement annuel, et le taux de croissance des surfaces achevées a ralenti à 17 %. La traditionnelle période de pointe des « or, argent et quatre » n'est pas au beau fixe.
Contradiction entre l'offre et la demande : d'un côté, l'offre est soumise à la flamme du haut fourneau, de l'autre, la demande est soumise à un vent froid. Le marché chinois de l'aluminium est pris dans un cercle vicieux : « plus de production, plus d'excédents ». Un négociant en aluminium appartenant à l'État a déclaré sans détour : « Maintenant, pour chaque tonne d'aluminium produite, il y a une brique supplémentaire en stock. »
Jeu institutionnel : le projet « Russian Aluminum High Stake » de Mercuria a-t-il rencontré Waterloo ?
Les rumeurs du marché suggèrent que la stratégie à long terme du géant des matières premières Mercuria, qui mise fortement sur la levée des sanctions russes sur l'aluminium, est mise à rude épreuve. Avec l'assouplissement attendu des sanctions américaines sur l'aluminium russe et la pression sur les stocks du LME, ses avoirs pourraient subir des pertes supérieures à 100 millions de dollars.
Les traders révèlent : « La situation difficile de Mercuria reflète la réévaluation des primes géopolitiques par le marché, les prix de l'aluminium passant de « primes de guerre » à « prix excessifs ».
Alerte technique : la ligne de vie ou de mort de 2 450 $ est confrontée à une épreuve ultime
À la clôture du 20 mai, le prix de l'aluminium au LME s'établissait à 2 465 $ la tonne, à un pas du support clé de 2 450 $. Les analystes techniques préviennent qu'une chute du prix sous ce niveau déclencherait des ventes stop-loss massives de la part des fonds CTA, et que le prochain niveau cible pourrait atteindre directement 2 300 $.
Duel long-court : le camp baissier utilise la hausse des stocks et la faiblesse de la demande comme arme, tandis que le camp haussier se protège des coûts énergétiques élevés et de la demande de transformation verte. L'issue de ce duel pourrait déterminer l'orientation du marché de l'aluminium au cours des six prochains mois.
Conclusion
De la « bombe des stocks » dans l'entrepôt malaisien à la tempête des cotes à Washington, de la « poussée des capacités » des usines d'aluminium chinoises à l'« échec inconsidéré » de Mercuria, le marché de l'aluminium se trouve à un tournant sans précédent depuis dix ans. Le gain ou la perte de 2 450 $ ne concerne pas seulement la rapidité des transactions programmatiques, mais met également à l'épreuve la reprise de l'industrie manufacturière mondiale ; la fin de cette tempête des métaux précieux ne fait peut-être que commencer.
Date de publication : 29 mai 2025
